lundi 22 décembre 2008

On the Go

Non ne sono mai ritornata da quarant'anni fa ...

"Dans un rêve de résistance à tout retour en arrière se voir vouloir rentrer à Rome de toute urgence.
C'est là que respirait ta Vie...
S'il y a un train, avoir l'air condamnée à le rater. Un seul train mais un vrai. Si c'était pour un transfert, le voyage durerait sept heures, heure pour an. Si tu parvenais à le prendre. Tu arriverais à Rome à la fin de l'histoire. Et tu réaliserais tous les désirs de ton histoire une minute avant la fin. Mais il n'y a qu'un train celui que tu n'arrives pas à prendre. Tout ce qu'il faut pour le manquer, tu l'as, ne l'as pas: pas de temps, pas d'argent, pas de billet, pas de tête à toi, pas de sens de l'orientation.
Si au prix d'efforts surhumains ou de prières bien envoyées, un billet te tombait du ciel, tu pourrais t'apercevoir alors qu'obsédée par l'heure d'arrivée, tu n'as jamais vérifié l'heure du départ. Tu te voyais déjà là-bas. A quelle heure ?
Revenir dix fois en arrière, tu as oublié quelque chose, dès que tu reviens en arrière, tu ne sais plus ce que tu cherchais. Repartir dix fois pour revenir, à la fin découvrir l'heure de départ, trop proche pour qu'il ne soit pas manqué. Comme si tous tes désirs s'opposaient au besoin de régresser.
Mais si tu ne partais pas, tu mourrais. Aussitôt inventer le secours d'une maison de régression. Te retrouver dans ce lieu. En attendant d'inventer le prochain train à manquer. Il s'agira d'une maison isolée, impossible à localiser, sise dans un lieu qui n'existe pas : une trace de ville mais vidée, réduite à sa plus simple expression"...
Hélène Cixous. Préparatifs de noces au delà de l'abîme, 1978.

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